Vie sauvage en Sibérie : histoire des Lykov, la famille d’ermite russe
À la lecture du nom « Lykov », vous pourriez être intrigué. Qui est cette famille Lykov et comment se fait-il qu’ils soient devenus des ermites vivant dans la taïga de Sibérie ? Un récit singulier, à cheval entre le XXe et le XXIe siècle, nous renvoie à une époque révolue, et à une foi inébranlable, celle des vieux croyants de l’orthodoxie russe. Plongez dans l’histoire d’Agafia, de Vassili et des autres membres de cette famille hors du commun.
La foi en exil : Les Lykov, descendants des Vieux Croyants
La famille Lykov est originaire de Russie et descend directement de ces vieux croyants, des orthodoxes russes qui ont refusé les réformes liturgiques initiées par le patriarche Nikon au XVIIe siècle sous le règne du tsar Alexis. Cette opposition leur a valu persécutions et exils. Parmi eux, Karp Lykov, le patriarche de la famille, qui a décidé de se réfugier dans la taïga avec ses enfants, loin du monde moderne qui menaçait leur vie de foi.
Leur histoire a été racontée en détail par le journaliste russe Vassili Peskov dans son livre « Ermites dans la taïga », publié en 1992. L’isolement extrême de la famille Lykov, la survie en milieu hostile et leur foi indéfectible ont fasciné le public. Ils vivaient de chasse, de pêche et de la culture de quelques pommes de terre, en totale autarcie.
Survivre dans la taïga : un mode de vie d’ermite
Pour la famille Lykov, la taïga n’était pas seulement un lieu d’exil, c’était leur terre, leur monde. Ils y vivaient en accord avec leur vieille foi, loin de la civilisation, coupés du reste du monde pendant près de 40 ans, jusqu’à ce que des géologues les découvrent par hasard en 1978.
La vie dans la taïga était loin d’être facile. Chaque membre de la famille devait contribuer à la survie du groupe. Ils vivaient dans une cabane en bois, fabriquée par leurs propres moyens, et se nourrissaient principalement de ce que la taïga pouvait leur offrir.
Agafia, la dernière des Lykov
Depuis le décès de ses frères et de son père, Agafia Lykova est la dernière survivante de cette famille de vieux croyants. Malgré les nombreuses propositions d’aide et d’invitations à rejoindre la civilisation, Agafia a toujours refusé, préférant rester sur sa terre natale.
Les nouvelles d’Agafia sont rares. Yves Gauthier, un journaliste français, a réussi à la rencontrer en 2013 et a partagé son histoire dans le livre « Agafia ». Malgré son isolement, Agafia n’est pas totalement coupée du monde. Elle envoie régulièrement des lettres pour donner de ses nouvelles et elle a même appris à utiliser un téléphone satellite, cadeau de géologues.
Le testament des Lykov : un appel à la vie sauvage
Le destin de la famille Lykov, ces ermites de la taïga, a suscité un intérêt international. Ils sont devenus le symbole de la résilience humaine face à la nature, mais aussi de l’incroyable force de la foi. Leur histoire nous rappelle que malgré les avancées du monde moderne, certains choisissent encore une vie d’isolement, loin des bruits du monde, pour préserver leur croyance et leur mode de vie.
Alors que nous vivons dans une époque où le bruit et la vitesse sont rois, où la technologie et le progrès semblent broyer tout sur leur passage, l’histoire de la famille Lykov nous appelle à une certaine forme de simplicité et d’humilité. Peut-être un jour, comme Agafia, nous sentirons-nous l’appel de la taïga…
Plonger dans l’histoire des Lykov, c’est naviguer à contre-courant de notre monde trépidant. C’est aussi se rappeler que notre planète recèle encore des endroits où vivent des personnes hors du commun, en accord avec leurs convictions les plus profondes. Loin d’être une simple anecdote, le parcours des Lykov est un véritable témoignage d’un mode de vie oublié, un appel vibrant à la vie sauvage.